- HORTICULTURE ORNEMENTALE
- HORTICULTURE ORNEMENTALELe nombre de plantes ornementales et surtout leurs variétés horticoles (les cultivars pour adopter une dénomination moderne) augmentent d’année en année, par suite des travaux de sélection et d’hybridation auxquels se livrent chercheurs et horticulteurs. Ce matériel mis à la disposition des paysagistes sert à l’ornementation des habitations ainsi qu’à la création des jardins et de l’environnement.La multiplication et la culture des plantes ornementales comprennent deux domaines bien distincts: la floriculture , qui s’intéresse aux végétaux herbacés, de serre ou de plein air, et se divise elle-même en trois secteurs (bulbiculture, fleurs et feuillages coupés, plantes en pots), et la culture en pépinière , qui fournit les arbres et les arbustes d’ornement.La mécanisation croissante des installations de serres, l’obligation de suivre un planning de plus en plus précis obligent les horticulteurs à se spécialiser pour ne s’adonner qu’à trois ou quatre cultures bien adaptées au climat et aux conditions particulières de l’exploitation. Ainsi, dans divers pays de la région méditerranéenne, on produit essentiellement des boutures d’œillets ou de chrysanthèmes, récoltées sans difficulté pendant la mauvaise saison: de même, l’horticulture de quelques pays africains est spécialisée dans la multiplication de plantes subtropicales; des entreprises se consacrent à la «préparation» partielle des sujets, dont la dernière phase de culture est assurée dans des exploitations réceptionnaires.Traditionnellement localisées près des grands centres urbains ou dans les régions de climat favorable, les cultures florales font actuellement l’objet d’échanges commerciaux importants, en particulier entre les pays de la C.E.E. Ces échanges internationaux conduisent à uniformiser la nomemclature, surtout celle des végétaux ligneux, et à leur attribuer des normes aussi précises que possible pour favoriser leur commercialisation; ces mesures permettent également un contrôle plus efficace de l’authenticité et de la qualité des végétaux.1. Multiplication des végétaux d’ornementLa reproduction sexuée, par graine, est souvent supplantée chez les végétaux d’ornement, rustiques ou non, par la multiplication végétative.La multiplication des végétaux d’ornement tient une grande place dans les préoccupations des horticulteurs, en raison de ses incidences sur le déroulement ultérieur de la production. Aux techniques classiques du bouturage et du greffage s’ajoute, pour quelques espèces tout au moins, la méthode de culture des méristèmes qui, laissée à un petit nombre de spécialistes, permet de multiplier les plantes (orchidées) avec le maximum de précautions au point de vue sanitaire.Bouturage et greffageLes pépinières modernes comptent au moins une serre à multiplication dont les bâches sont occupées par des séries successives de semis et surtout de boutures d’espèces à feuilles caduques au cours du printemps et de l’été, de plantes à feuillage persistant en automne et en hiver.Les serres destinées aux semis et aux boutures des cultures florales comprennent des séries de bâches, remplies d’un milieu inerte («perlite» ou «vermiculite»), où les boutures sont repiquées pour une durée de quelques semaines seulement. Ce substrat, chauffé par les canalisations d’un thermosiphon, peut être aisément stérilisé à la vapeur entre chaque série de boutures.Dans ces abris, où les impératifs saisonniers disparaissent, le bouturage est effectué pendant presque toute l’année. L’enracinement (ou la «reprise») des boutures est favorisé, d’une part par l’application sur les sections des boutures de diverses substances de croissance (acides naphtalénacétique et indolbutyrique) particulièrement efficaces chez les espèces rebelles à la rhizogenèse, d’autre part par la brumisation à intervalles réguliers (brouillard artificiel ou mist system ) appliquée aux boutures d’œillets, de chrysanthèmes, de Poinsettia pulcherrima et à de très nombreuses tiges feuillées d’arbustes d’ornement; cette seconde méthode connaît sa réussite la plus spectaculaire dans le bouturage du Magnolia grandiflora , dont la multiplication se faisait jusqu’alors par marcottage, procédé long, incommode et coûteux.La multiplication des oignons à fleurs rassemble la plupart des techniques connues, mais en les adaptant à la conformation et à la vie des bulbes. Sans parler du dédoublement naturel des oignons, une forme particulière du bouturage consiste, par exemple chez les jacinthes, à inciser profondément le «plateau» au début de l’entreposage d’été; ce traumatisme provoque un bourgeonnement intensif des tissus et aboutit à l’apparition de 50 à 80 bourgeons, qui deviendront de petits bulbes dès la fin de la première année de culture; le bouturage des écailles décollées de gros bulbes convient très bien à la multiplication intensive des lis.Naguère, le greffage constituait le sommet de l’art de l’horticulteur. Dans L’Art de greffer (1868), qui a fait autorité pour des générations de pépiniéristes, Charles Baltet décrit une soixantaine de greffes applicables aux arbres fruitiers et aux végétaux d’ornement. Les greffes courantes se réduisent à plusieurs modèles (notamment greffe en fente et en incrustation, greffe à l’anglaise, greffe de côté sous écorce, greffe en placage et greffe en couronne), mis à part l’écussonnage des rosiers et de quelques arbustes conduits en basse-tige.Enfin, il faut signaler la multiplication végétative des diverses plantes de serres, à fleurs ou à feuillage, effectuée dans les contrées tropicales ou subtropicales. Sous forme de plants enracinés ou de végétaux partiellement développés, les sujets sont expédiés en Europe, la plupart du temps par voie aérienne. De jeune Ficus , de nombreux Sansevieria proviennent ainsi des îles Canaries, du Maroc ou d’Afrique tropicale. Le marcottage naturel des Ficus , de certains Dracaena , préparés manuellement, permet d’obtenir rapidement et à bas prix des sujets plus vigoureux dès le début de la culture.Cultures de méristèmesLes cultures de méristèmes permettent d’éliminer la plupart des viroses, grâce à la sélection des pieds-mères et à un régime de thermothérapie, à une température voisine de 38 0C; on a pu ainsi rénover la multiplication des œillets, des chrysanthèmes, de certaines orchidées et de nombreuses autres espèces.On prélève aseptiquement une portion très minime de l’apex des tiges, le méristème, pour la cultiver in vitro sur un milieu gélosé approprié [cf. MÉRISTÈMES]. Ces tissus jeunes, pratiquement indemnes de viroses, donnent naissance à de nouveaux pieds-mères qui sont à l’origine de nombreuses boutures saines.Chez les orchidées (Cymbidium , Odontoglossum , Dendrobium et plus tard Cattleya ), le méristème donne naissance à un «protocorme» qui, sectionné, redonne autant de protocormes que de fragments isolés; l’opération, recommencée indéfiniment, aboutit, à la fin de l’année, à plusieurs millions d’exemplaires. Les avantages de ce procédé sur le semis traditionnel sont: une multiplication intensive, théoriquement indéfinie et très avantageuse, notamment pour les nouveaux hybrides; la production de plantes identiques (ce qui n’est pas le cas du semis, car les graines proviennent de porte-graines hétérozygotes); la sélection de caractères horticoles recherchés (floraison, précocité, état sanitaire).2. FloricultureTechniques culturalesConcurremment aux cultures de plein air, soumises aux incidences du climat, beaucoup de cultures florales se font actuellement en serres, abris coûteux qu’il est nécessaire d’exploiter pendant la plus grande partie de l’année afin d’en tirer profit.Pour le forçage des rosiers, les serres peuvent atteindre 15 mètres de largeur et dépasser 100 mètres de longueur. L’automatisation permet d’obtenir la régulation de la température (à 1 0C près) et de l’aération. Le contrôle hygrométrique, quoique moins aisé, est réalisé dans les cultures de rosiers, d’œillets, par un rideau de fibres de bois humidifiées constituant l’un des piédroits de la serre (cooling system ).Il est possible d’appliquer efficacement dans ces abris les données de photopériodisme: le régime de jour long (obtenu par l’utilisation de lampes à incandescence) permet de retarder très efficacement l’épanouissement des espèces de jour court (chrysanthèmes, bégonias); au contraire, le régime du jour court, facile à réaliser avec des toiles noires (occultation), permet de déterminer rigoureusement leur floraison.D’une manière générale, on cherche à étaler la période de floraison pour couvrir à peu près tous les mois de l’année, chose aisée pour les chrysanthèmes, les bégonias à floraison hivernale, le Poinsettia pulcherrima ou les Kalenchoe hybrides qui répondent très docilement aux impératifs du photopériodisme. L’utilisation de plusieurs produits «retardants», combinée avec un régime alterné de jours longs et de jours courts, fait fleurir les azalées de l’Inde à l’époque souhaitée, et une meilleure connaissance de l’écologie d’autres espèces ornementales et de leurs cultivars permet d’arriver à des résultats très comparables.Sous le terme de «forçage», les horticulteurs englobent un certain nombre de techniques visant à obtenir des plantes fleuries et feuillées bien avant leur période ordinaire d’épanouissement.Le forçage proprement dit a lieu après un temps d’arrêt plus ou moins marqué de la végétation, la dormance [cf. DORMANCES VÉGÉTALES]; celle-ci ayant pris fin naturellement ou à la suite d’un traitement, il devient possible de faire fleurir ou feuiller des plantes dans une enceinte humide et tiède. C’est ainsi qu’à partir du mois de novembre et pendant tout l’hiver sont forcés un certain nombre d’arbustes (azalées, hortensias, rosiers élevés en pots), différentes plantes bulbeuses (jacinthes, tulipes, narcisses, lis...) et quelques rares espèces vivaces comme les Astilbe ou les Hosta . Par contre, la floraison des mimosas ne constitue pas réellement un forçage, puisqu’il s’agit de provoquer l’éclosion des glomérules déjà prêts à s’épanouir; il en est de même de celle du cyclamen, dont le séjour hivernal en serre, vers 10 à 12 0C, a pour seul but de protéger les fleurs délicates. Plusieurs variétés d’azalées, offertes sur le marché en automne sous le nom de «plantes forcées», ne doivent leur précocité qu’à leurs caractères propres; diverses variétés d’hortensias et de lis acceptent soit un régime de forçage hâtif, soit au contraire un retard appréciable de floraison.Les techniques du forçage proprement dit ne sont guère susceptibles de perfectionnements notables: on cherche seulement à tirer un meilleur parti de l’ambiance qui règne dans la serre à forcer en contrôlant la température d’une manière plus précise, en utilisant éventuellement les ressources de l’éclairage d’appoint ou en élevant le taux de gaz carbonique de l’atmosphère. Par contre, la «préparation» des plantes elles-mêmes, avant leur séjour en serre, les traitements thermiques appliqués aux bulbes offrent bien d’autres possibilités (cf. DORMANCE, PHOTOPÉRIODISME, RYTHMES BIOLOGIQUES, VERNALISATION). Pendant les dernières semaines de leur entreposage, certaines variétés de tulipes supportent une température de 5 0C, tandis que les rhizomes de muguet, entièrement congelés, séjournent sans inconvénient, pendant des mois, dans une chambre froide maintenue à 漣 2 0C; les rameaux de Forsythia , coupés en automne, sont placés à 漣 2 0C pendant cinq semaines, avant de fleurir rapidement en serre chauffée.Après avoir étudié l’organisation des principaux bulbes printaniers et noté les modifications de l’organogenèse florale sous l’influence de la température, le physiologiste hollandais Blaauw mit au point des méthodes rénovant entièrement les pratiques séculaires de la bulbiculture. Les oignons à fleurs, qui bénéficient d’un traitement thermique capable de hâter leur floraison d’une manière appréciable, sont dits «préparés» (jacinthes, tulipes, glaïeuls). Les glaïeuls soumis au froid et les iris de Hollande maintenus pendant de longs mois à 30 0C font au contraire partie des «bulbes retardés».Les agents chimiques, souvent cités en physiologie expérimentale, sont pratiquement délaissés. En France, l’éthérisation des lilas, pendant 48 heures au début de l’automne, représente le seul cas important. Si les rampes et les tubes d’éclairage sont employés avec succès pour faciliter l’enracinement des boutures et la croissance des plants, l’éclairage des plantes forcées est au point mais reste trop onéreux et peu pratiqué.ProductionLes cultures florales englobent trois catégories de production: les fleurs coupées , les plantes en pots et les plantes utilisées pour la décoration des jardins (plantes annuelles, vivaces et bulbeuses).Outre les productions locales, il faut souligner l’importance de grands centres horticoles. En France, ce sont la Côte d’Azur (plantes à feuillage et surtout fleurs coupées), l’Anjou (fleurs coupées: muguet, lis de Nantes, bulbes à fleurs, plantes à feuillage, plantes fleuries), la région parisienne (fleurs coupées, plantes à feuillage, plantes fleuries, orchidées, forceries). Les principales cultures de fleurs coupées concernent les rosiers de serres (la première zone de production est la région Provence-Côte d’Azur, plus de 1 500 ha; viennent ensuite le val de Loire et la région parisienne), les œillets de Nice, les œillets américains et les plantes à bulbe (800 ha répartis entre le val de Loire, la Bretagne, la Provence et la région parisienne). Les plantes en pots les plus courantes sont les hortensias (5 millions de sujets par an), les azalées (4 à 5 millions), les bégonias, les cyclamens, les impatiences de Nouvelle-Guinée et les nombreuses plantes vertes (fougères diverses, Sansevieria , Ficus benjamin , Diffenbachia ). La culture très spécialisée des orchidées vise surtout à la production de fleurs à couper, qu’il s’agisse des Cattleya ou de leurs hybrides, des Phalaenopsis de serre chaude et des Cymbidium de serre froide.En France, la valeur de la production dans les différents secteurs de la floriculture peut être estimée, en 1971, à 600 millions de francs pour les fleurs coupées, 400 pour les plantes en pots, 50 pour les bulbes. Au stade de la commercialisation de détail, on peut évaluer le commerce des deux premières catégories à 3 000 millions de francs et celui des bulbes à 320 millions.En ce qui concerne les fleurs coupées, les exportations françaises se chiffraient en 1970 à 3 637,5 tonnes, représentant une valeur d’environ 39 millions de francs et les importations à 1 943 tonnes, soit environ 32 millions de francs (cf. tableau). Si les échanges ont toujours été bénéficiaires dans cette catégorie de production (sauf en 1969 où ont été importées, entre autres, 471,5 tonnes de roses), il n’en a jamais été de même pour les plantes en pots; le déficit de ce secteur correspond à 6,5 p. 100 de la valeur estimée de son chiffre d’affaires.La décoration des jardinsLa décoration des jardins fait appel à un certain nombre de plantes annuelles, vivaces ou bulbeuses. La production des espèces annuelles et bisannuelles intéresse à la fois les spécialistes qui assurent la culture des porte-graines et les horticulteurs qui emploient les semences. Les espèces ont bénéficié d’améliorations notables, et les formes naines, plus décoratives et plus faciles à utiliser, ont d’abord été sélectionnées. Mais c’est avant tout l’apparition des variétés 1 qui a transformé l’aspect de séries entières de bégonias, de pétunias ou de roses d’Inde. Formant des tapis fleuris, de hauteur constante et de coloris uniforme, les plantes 1 ont une valeur ornementale bien supérieure à celle des cultivars courants.Pendant longtemps, les plantes vivaces n’ont servi qu’avec parcimonie dans la décoration florale des jardins. Non pas que leur choix fut trop restreint – l’ouvrage consacré aux Fleurs de pleine terre (Vilmorin-Andrieux, 1909) en décrivait déjà 2 700 espèces –, mais les paysagistes ne cherchaient guère alors à les mettre en valeur. C’est à partir de 1925 environ que les espèces vivaces ont pris définitivement place dans les plates-bandes herbacées, à l’imitation d’ailleurs de ce qui se pratiquait depuis longtemps déjà en Grande-Bretagne (mixed borders ). Les espèces utilisables sont nombreuses: 500 à 600 dans les catalogues français, 2 000 environ dans les catalogues anglais, listes très incomplètes auxquelles on peut ajouter les nombreux cultivars des iris à bordures, des pieds d’alouette, des asters ou des phlox d’été. Beaucoup de ces variétés horticoles sont d’origine française, et les hybrides obtenus par le «semeur» nancéien Lemoine, au début du siècle, sont encore courants et fort appréciés. Depuis, les généticiens ont créé des primevères, des lis, des pivoines et des pieds d’alouette de grande valeur ornementale.Les «oignons à fleurs», terme très général qui se rapporte aussi bien aux bulbes proprement dits (lis, tulipe, jacinthe), qu’aux cormus de la famille des Iridacées, (glaïeul, crocus), aux souches tubérisées des renoncules et aux tubercules des dahlias, se repartissent en deux catégories distinctes: les bulbes à floraison printanière qui sont confiés au sol dès le mois d’octobre; les oignons à fleurs à floraison estivale qui sont plantés au printemps (lis, glaïeul, dahlia) auxquels il convient d’adjoindre quelques espèces s’épanouissant seulement à la fin de la belle saison (colchique et crocus tardif).3. PépinièreOrigineLes végétaux ligneux qui figurent dans les plantations d’ornement proviennent de trois sources différentes. Les essences les plus courantes (frêne, tilleul, charme) sont issues de la flore indigène, mais leurs variétés horticoles, beaucoup plus appréciées que les espèces types, dérivent souvent de mutations dont le port, la taille et les coloris ont attiré l’attention. La plupart des érables à feuillage teinté sont ainsi des mutations (ou «sports») de l’érable plane (Acer platanoides ) et de l’érable faux-platane (Acer pseudoplatanus ). Tous ces cultivars horticoles ont été propagés surtout par greffage, mais quelquefois par bouturage: Berberis vulgaris «atropurpurea » (l’épine-vinette à feuillage rouge), Sambucus nigra «aureomarginata » (le sureau à feuilles dorées).Toutefois, la majorité des espèces ligneuses qui figurent sur les catalogues des pépiniéristes sont exotiques. Les migrations et, plus récemment, les ambassades et les voyages d’exploration ont conduit à l’enrichissement des collections ornementales ligneuses.Moins nombreux que les végétaux herbacés et que certaines séries de plantes de serres, la plupart des cultivars d’arbres et d’arbustes florifères sont le résultat d’hybridations. Deutzias, seringats, pommiers et cerisiers à fleurs, lilas, rhododendrons, azalées, hortensias et, plus récemment, sorbiers, cotoneasters ont fourni le plus grand nombre de semis originaux. Les hybridations, effectuées d’abord sur quelques espèces types, se sont étendues aux cultivars eux-mêmes, si bien qu’il devient difficile de déterminer avec certitude l’ascendance de certaines variétés, celles des rosiers par exemple.Techniques culturalesLes essences à feuillage caduc – arbres et arbustes appréciés soit pour leur floraison, soit pour leur feuillage – sont les plus nombreuses. Les plantes à feuillage persistant comptent un certain nombre d’espèces et de variétés dont la floraison mérite d’être notée: Viburnum , Escallonia , Berberis , Rhododendron , laurier-rose.La culture des arbres et des arbustes est une suite d’opérations fort simples qui, outre quelques techniques arboricoles – pincement ou étêtage discret des tiges à l’état herbacé, suppression des pousses émises par les porte-greffes (lilas, troène doré greffé sur troène commun, pommiers et cerisiers à fleurs, etc.) –, ont trait surtout à l’entretien du sol et à la lutte antiparasitaire. En plus des conditions climatiques favorables, l’implantation des pépinières dépend des qualités du sol et du sous-sol, dont il est très difficile de modifier profondément les caractéristiques. Comme en floriculture, on assiste de plus en plus à une spécialisation des centres. Ainsi les pépinières du Val de Loire se consacrent surtout à la production de jeunes plants issus de semis (arbre de Judée, baguenaudier, mahonia) ou provenant d’un bouturage (spirée, deutzia, groseillier). Les pépinières de l’Île-de-France, de Normandie, du Nord, des vallées de la Saône, du Rhône et de la Garonne sont surtout orientées vers la culture d’arbres et d’arbustes caducs et persistants, plus ou moins âgés et développés. La plupart des espèces à feuillage persistant (Berberis , Cytisus , Ilex ) et particulièrement celles qui ont été greffées (Ligustrum , Osmanthus ) sont cultivées en «godets», puis en pots de faible diamètre. Au moment de la livraison des sujets, la motte de terre plus ou moins volumineuse est maintenue par une enveloppe de paille ou par un filet de matière plastique.Certaines pépinières fournissent des arbres déjà forts, destinés à l’ornementation des rues et des avenues; tilleuls, platanes, marronniers sont cultivés pendant cinq à sept ans avant que leur tronc n’atteigne 25 à 30 cm de circonférence; leur système radiculaire, bien ramifié à la suite de transplantations successives, facilite beaucoup leur reprise.Les «plantes de terre de bruyère» – rhododendrons, bruyères, azalées (tous trois de la famille de Éricacées) –, ainsi que le camellia (Camellia Japonica ), sont classés à part, en raison de leurs exigences écologiques: milieu humifère, tourbeux à réaction acide, réalisé à partir de terreau de feuilles additionné de tourbe. Il s’agit essentiellement d’espèces vivaces à feuilles persistantes, bien qu’il existe aussi des azalées à feuilles caduques aux fleurs printanières. Ces plantes émettent un système radiculaire abondant, qui emprisonne une motte de terre facilement transportable, même chez les plantes âgées.La plupart des rhododendrons sont multipliés par greffage sur Rhododendron ponticum , bien que différentes variétés se prêtent assez bien au bouturage.La diversité des résineux d’ornement est fort étendue: aux exemplaires de grande taille, les plus fréquents, s’ajoutent beaucoup de cultivars et de formes naines ou étalées, au feuillage doré, argenté ou glauque. La plupart des cèdres, des genévriers, des cyprès se reproduisent bien par semis, mais il faut faire appel aux différentes formes de multiplication végétative pour propager leurs variétés, qui demandent souvent des années de cultures avant d’arriver à une taille utilisable.De nombreux acheteurs ont pris l’habitude de venir chercher directement à la pépinière les végétaux dont ils ont besoin, en n’importe quelle période. Cette pratique conduit les producteurs à préparer des séries importantes de plantes en pots, rosiers, petits arbustes, tandis que les sujets plus volumineux sont plantés dans des récipients métalliques ou de matière plastique. Les conifères de deux à trois mètres de hauteur sont livrés en bacs tronconiques qui sont construits sur place. Ce procédé est courant dans les pépinières de la Côte d’Azur, appliqué à des oliviers centenaires, de gros palmiers et des touffes de lauriers-roses.4. Végétaux et paysageDans cet assortiment d’arbres et d’arbustes ornementaux, le paysagiste trouve les éléments du décor des jardins urbains, des parcs publics, des terrains de sports et des espaces verts de toute nature.Dans le jardin classique, illustré par Le Nôtre et ses continuateurs, la végétation doit s’adapter à des formes géométriques et à une ordonnance rigoureuse: les allées et les ronds-points sont limités par des charmilles, des rideaux de verdure, tandis que les avenues sont bordées de nobles alignements d’ormes et de tilleuls; c’est également le domaine des buis formés en boules et des ifs taillés en cône, jalonnant les longues perspectives des tapis verts, tandis que le hêtre, le charme et parfois l’érable prennent figure de charmilles et de tonnelles.Au XIXe siècle, les parcs «paysages», imitant les jardins anglais, s’agrémentent d’allées aux courbes savantes, tandis que les massifs se garnissent d’essences très variées – trop parfois!Peu à peu, les contrastes excessifs entre les feuillages colorés des parcs du second Empire sont délaissés au profit de vastes groupes d’arbustes, tandis que des exemplaires «isolés» sur les pelouses sont mis en valeur pour leur forme ou leur floraison en avant des masses de verdure.Le jardin moderne, que les paysagistes veulent rendre plus «fonctionnel» et mieux adapté aux loisirs, comprend essentiellement une surface gazonnée à peu près ininterrompue. Les allées compliquées ont presque entièrement disparu; seules subsistent, près de l’habitation, des voies d’accès, soulignées par une végétation appropriée. Ailleurs, on circule sur des dallages, sur des passe-pieds mis en évidence par une végétation pittoresque, arbustes aux rameaux divariqués, conifères aux branches étalées, plantes vivaces épanouies surtout au printemps et dont l’ensemble compose un décor aimable, varié et reposant.Les espaces verts utilisent désormais une grande quantité de végétaux ligneux, dont un certain nombre sont des essences forestières qui s’adaptent très facilement au paysage naturel. Les plantes vivaces tiennent une place importante et constituent souvent des «bordures herbacées» (les borders des jardiniers anglais) comprenant des «taches» juxtaposées et mélangées avec art.Dans ce puzzle fleuri, les plantes sont réparties en étages successifs dont le plus bas avoisine l’allée ou le dallage, tandis que le plus élevé (pieds d’alouette, asters ou roses trémières) s’adosse à la haie taillée qui sert d’arrière plan. Parmi les espèces de taille moyenne, les phlox d’été, les lis aux trompettes de couleurs éclatantes, les rudbeckias jaunes et rouges se succèdent les uns aux autres, séparés parfois par quelques touffes de graminées panachées ou par un rosier «botanique» aux églantines jaunes ou roses, suivies de curieux fruits teintés par l’automne.Les plantes naines, tapissantes (corbeilles d’or, iris montagnards, phlox nains, hélianthèmes...) garnissent les intervalles des roches ensoleillées des jardins alpins. Primevères naines, violettes et saxifrages profitent au contraire des zones ombragées pour y former des tapis printaniers.Minuscules ou de grande surface, les rocailles occupent les talus, garnissent les pentes du jardin moderne; elles suscitent en général un goût très vif pour la végétation pittoresque. Les murets fleuris constituent une simple adaptation des ouvrages de soutènement envahis par la flore naturelle; la terre située derrière eux étant parfaitement drainée, ils deviennent le refuge de plantes au port étalé, à tiges retombantes, d’espèces poussant en coussins compacts et, d’une manière générale, de tous les végétaux assez exigeants qu’il est impossible de faire fleurir ailleurs; euphorbes, œillets, saxifrages y forment vite de très grosses touffes.Un sol humide et la possibilité d’aménager un ruisseau favorisent le développement de plantes amphibies. Une tourbière, prolongeant un petit lac, permet de cultiver, dans ce milieu spongieux, des plantes hygrophiles aussi curieuses que décoratives; Astilbe , funkias, saxifrages divers, primevères délicates y fleurissent régulièrement.
Encyclopédie Universelle. 2012.